Disqualifiés pour rendre hommage à François Mensah
Le ballet des hommes politiques béninois la semaine écoulée dans les studios de la télévision Canal 3 Bénin pour signer le livre de condoléances ouvert suite au décès du journaliste François Mensah me rappelle bien les obsèques de Nelson Mandela en Afrique du Sud, où si l'urgence l'avait demandé, l'Assemblée générale des Nations-Unies aurait siégé ; à Cotonou, si toutes les personnalités qui sont passées rendre hommage à François le devraient à la même heure, on pouvait bien improviser une conférence des forces vives de la Nation. J'ose ce parallèle, car il m'est revenu en mémoire ce que j'avais retenu de plus important du discours du président américain Barack Obama en Afrique du Sud il y a quelques mois : pour lui, les dirigeants qui adulaient Nelson Mandela sans être capables de l'imiter n'avaient pas leur place à ses obsèques, et j'ai envie de répéter aux politiciens, leaders d'opinion et décideurs béninois qu'il en est parmi eux qui n'avaient pas droit au privilège de saluer ni l'intelligence, ni le talent, ni le professionnalisme, ni les valeurs, ni la célébrité de l'étoile François Mensah.
Devraient s'abstenir tous les danseurs et "tamtameurs" de week-end, disciples du "grand" qui avait dit des "petits" François Mensah et consorts qu'ils étaient moins diplômés que ses enfants et qu'il avait les moyens de leur faire du mal. Devraient surtout s'abstenir tous ceux qui à plus d'une occasion par le passé, ont agi et ont défendu des actes visant à fermer Canal 3 Bénin ou tout au moins à en suspendre des émissions. Devraient avoir honte et s'abstenir également, tous ceux qui ont pensé et pensent aujourd'hui encore que seul un mortel béninois est suffisamment intelligent pour diriger tous les autres tout le temps. Aussi, devraient s'abstenir tous ceux qui ont jubilé quand le défunt journaliste se fit tabasser par la Police il y a quelques mois dans des circonstances qui laisaseint penser que ce sont ses chroniques quelquefois acides qui lui ont valu une punition exécutée par des ouailles du "grand". Devraient s'abstenir tous les complices des agents publics qui empêchaient les citoyens de se manifester librement. Devraient s'abstenir tous ceux qui, au Parlement béninois, n'étaient pas capables et n'osaient pas faire des réflexions aussi lumineuses que celles dont a démontré la capacité François Mensah. Et je m'en arrête là volontairement.
Je ne suis pas seulement révolté contre les hypocrites, narcissiques et opportunistes charognards qui ont défilé à Canal 3 Bénin la semaine écoulée ; je suis aussi révolté contre François Mensah, pour être parti aussi tôt avec sa part de la lumière dont ont plus que jamais besoin les Béninois. S'il est vrai que personne parmi nous n'a la force ni le pouvoir de s'assurer ou de se maintenir en vie, tout au moins j'exhorte tous ceux qui en arrivent à avoir une toute petite conscience de leur utilité ou importance pour leur famille, leur communauté, leur corporation, leur génération, leur pays et que sais-je encore ... ; je les exhorte donc à un minimum d'hygiène de vie pour réduire le risque de plonger dans l'affliction les leurs suite à un départ plus tôt qu'il pourrait l'être. A 95 ans, un simple soupir mal venu de Nelson Mandela, mettait en émoi toute l'Afrique du Sud. Comprenne qui pourra et me pardonne qui pense que je suis cruel.
A toute l'actualité politique récente du pays, le décès de François Mensah a réussi à faire ombrage. Mais que se tiennent tranquilles ceux à qui ça a semblé profiter. Deux jours avant que ne nous quittât le journaliste de Canal 3 Bénin, sur le plateau de la même télévision, le Conseiller technique aux affaires politiques du Chef de l'Etat béninois, maître politicien de tous ses contemporains, brillant universitaire de son état, Amos Elègbè, a réécrit sa version de l'histoire du KO électoral de 2011. J'ai surtout retenu qu'il était aussi disposé à tout débat contradictoire. Qu'il s'attende donc à ma contradiction à moi très prochainement. Mais en attendant mon édito à venir, je retiens de la sortie d'Amos Elègbè et rappelle aux politiciens béninois anciens et neufs que la mouvance au pouvoir se prépare activement aux élections, voire à de nouveaux KO, et que la polémique sur le coût jugé prohibitif des élections, lancée par le Chef de l'Etat lui-même, n'avait pour but que de les détourner du vrai combat de l'heure : celui d'élections non seulement effectives, mais surtout sans exclusion, justes et transparentes, sans la controversée Lépi s'il le faut.
A bientôt si Dieu nous prête vie !
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