La transparence version Robert Dossou
Le président de la Cour constitutionnelle du Bénin est sous
les feux de la critique depuis quelques jours. Robert Dossou, avocat de son
état, expert en droit et excellant devant Dieu et les hommes en histoires
politiques béninoise et africaine tout au moins, en aurait trop dit sur un
sujet en débat public. Selon certains, il n’aurait pas respecté son devoir de
réserve, et pis, se prononçant sur le sujet il prit parti, foulant au pied
l’impartialité présumée que prêteraient les citoyens à la Cour
constitutionnelle et à son président. Le sujet abordé est le projet de
révision constitutionnelle ; sa position à lui est que c’est opportun et
exigé par les critères de convergence de l’Union économique et monétaire
ouest-africaine (Uemoa) ; son sentiment sur le débat à propos : ça
l’énerve.
Si de mémoire, à l’occasion de la présidentielle 2001, Feue
Conceptia Ouinsou, alors président de la Cour constitutionnelle, a dû
s’expliquer face à la presse, parce que taxée de tripatouillage de résultats, rarement
l’on a vu au Bénin des sages de la haute juridiction, exprimer leurs sentiments
sur des sujets en débat public. Depuis quatre ans qu’il a prêté serment, Robert
Dossou, lui, est déjà plusieurs fois intervenu publiquement sur des sujets
sensibles. Il avait déjà dû s’expliquer à la veille de la dernière
présidentielle sur l’alignement mystérieux de toutes ses décisions sur les
positions de la mouvance au pouvoir. Ensuite, il n’y a pas longtemps, il a dû
venir parler des 22 ans de la Conférence nationale et de la Constitution
béninoise, le souci de la télévision nationale qui l’avait invité, devant être
qu’il rassure, à l’heure où le projet de révision constitutionnelle fait débat.
Aujourd’hui encore, presque à la dérobée, devant micros et
caméras, il dénie au public béninois le droit de débattre d’un sujet dont ce
dernier ne saurait pas grand-chose et dit que ça l’énerve. Tout en prenant soin
d’apporter sa part au débat. Il ne sera pas question ici d’en rajouter à toutes
les remontrances que lui font déjà la classe politique et les médias. Ici, il
sera juste question de mettre le doigt sur ce qu’il y a d’utile dans l’incident
créé par le Président de la Cour constitutionnelle. Au-delà de tout ce que l’on
peut trouver à reprocher à son intervention, Me Robert Dossou a aidé les
Béninois à s’ôter de l’esprit un doute : il est militant de la mouvance
présidentielle et cela influence son statut de juge constitutionnel.
Il n’y a pas deux mots pour qualifier cette posture du
Président de la Cour constitutionnelle : c’est de la transparence. De
notoriété publique, les reproches faits aux décideurs béninois relèvent du
fantasme, car personne n’appuie jamais ses allégations de preuves
indiscutables. Me Robert Dossou n’échappe pas à cette réalité. Ancien soutien
de l’actuel président de la république, ancien candidat malheureux aux
législatives de 2007 sur la liste de l’actuelle majorité, désigné membre de la
Cour constitutionnelle par l’actuel président du Parlement connu pour être très
fidèle au Chef de l’Etat, le profil politique de l’ancien bâtonnier de l’Ordre
des avocats du Bénin laissait le soupçonner de na pas être impartial dans les
verdicts de la Cour. Toutes les fois, c’est sa mouvance qui a eu raison. Cela
ne suffisait pas pour attester de son impartialité effective. Mais la preuve
est désormais faite.
Le président de la Cour souhaite et soutient la révision au
motif identique à celui du président du Parlement et de certains ministres de
la république. Le jeu est désormais clair : à la Cour, c’est sur la
position officielle de la mouvance que s’aligne Me Dossou et c’est ça qui
détermine les verdicts de le Cour. Il n’est pas anodin de placer ce souci de
transparence dans son contexte : dans un an, la Cour sera renouvelée. Il
faut à qui veut revenir, le plus de clarté possible dans son inféodation au
pouvoir en place.
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