Le rencontre tenue le mardi 15 mai dernier au Palais de la Marina entre le Chef
de l’Etat Boni Yayi et le Président du Parti du renouveau démocratique, Me
Adrien Houngbédji, marque le début d’une nouvelle phase de la démocratie
béninoise. L’opposition politique devient désormais au Bénin, une réalité à ne
plus jamais occulter.
Les audiences du Chef de l’Etat se suivent mais ne peuvent
se ressembler. Celle accordée à Adrien Houngbédji le mardi 15 mai dernier à la présidence de la
république par Boni Yayi est unique en vingt-deux ans de démocratie au Bénin.
C’est la première fois qu’un Chef de parti déclaré de l’opposition conformément
à la loi portant statut de l’opposition, est reçu en cette qualité par le
Président de la république. Selon ladite loi, le Chef de l’Opposition peut être
consulté sur des questions majeures d’intérêt national et l’audience d’hier ne l’a pas occulté. La révision de la
Constitution, la réforme de l’administration territoriale, la correction de la
Liste électorale permanente informatisée, le programme de vérification des
importations, la campagne cotonnière en sursis, la crise de l’école, le statut
de l’opposition et le financement public des partis politiques, sont des sujets
auxquels l’opinion publique a fait beaucoup attention, et sur lesquels
plusieurs partis et leaders politiques avaient pris position. Qu’ils soient
abordés au cours d’une audience est une démarche formelle du Chef de l’Etat de
prendre à leur propos acte d’autres points de vue, celui de l’opposition en
particulier. Car s’il est vrai, aux dires de Me Adrien Houngbédji, que cette
audience s’inscrit dans le cadre du dialogue politique national voulu par le
Chef de l’Etat, il ne demeure pas moins vrai que l’opération n’a de sens qu’en
privilégiant les formations politiques de l’opposition. Et sur ces sujets, il
n’y a d’avis alternatifs sérieux que ceux de l’opposition. En somme, ce qui
vient d’être inauguré est la consultation de l’Opposition sur les sujets
d’intérêt national. Mais pas seulement.
L’équilibre s’invite dans la république
La loi portant statut de l’opposition voulait déjà formelle
l’Opposition politique à un régime au Bénin. Des formations politiques ne
viennent d’acquérir ce statut que pour la toute première fois, conformément à
la loi. Ceci a l’avantage de clarifier le paysage politique, mais aussi de
faciliter certaines nominations. Il est désormais su au Bénin, au-delà des
prises de position critiques, lesquels partis politiques sont avec le pouvoir
et lesquels gardent leur distance de lui. Cette donne sera particulièrement
utile en début des législatures ou le règlement intérieur de l’Assemblée
nationale dispose de composer les organes de gestion du Parlement en tenant
compte de sa configuration politique. Il n’y aurait en ces moments-là que le
statut de l’Opposition ou non pour apprécier la configuration politique du
Parlement. Au-delà du Parlement lui-même, les postes auxquels la représentation
nationale est appelée à pourvoir dans d’autres institutions, à défaut de
respecter l’équilibre opposition/mouvance, respecteraient au moins la diversité
politique. Ainsi, la Cour constitutionnelle, la Haute cour de justice, la Haute
autorité de l’audiovisuel et de la communication, les commissions électorales,
les parlements régionaux et panafricains ne seraient plus aux seules couleurs
de la mouvance au pouvoir. La présence d’acteurs de bords politiques différents serait alors sans doute dissuasive
de bien de fraudes aux règles républicaines. S’il est vrai que ce mode d’emploi
de la démocratie était déjà possible mais n’a pas été expérimenté, ses chances
de succès désormais, tiennent au simple fait que la notion d’Opposition est
intégrée par le Chef de l’Etat lui-même. Une manière plus belle que la révision
de la Constitution, pour donner un souffle à la démocratie béninoise.
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