lundi 12 mars 2012

Immortalisation des personnalités publiques : quel sort pour Mathieu Kérékou ?

Taxé, à tort ou à raison d'être " l'homme de la révolution du 26 octobre 1972 ", Mathieu Kérékou mérite de laisser un héritage à la postérité. Mais lequel ? La question se pose avec acuité depuis que de folles rumeurs le disent mal en point. A défaut d'écrire des mémoires comme d'autres, attacher son nom à un bien public pourrait assurer sa postérité, à tout le moins.

Comment donc immortaliser Mathieu Kérékou ? La récente évacuation sanitaire du vieux Général a remis la question sur le tapis. A moins que ce ne soit la décision prise en Afrique du Sud de faire figurer l'effigie de Nelson Mandela sur des billets de banque ; il faut comparer les choses comparables me direz-vous : Kérékou n'est pas Mandela. Soit. Mais, nous pouvons en convenir, dans le monde entier les noms des grandes figures ou des hommes d'Etat sont attachés à une œuvre publique. Souvent à des places ou des édifices, mais aussi à des institutions ou carrément aux pièces ou aux coupures d'une monnaie. Le dollar américain par exemple porte l'effigie des pères fondateurs des États-Unis d'Amériques et de son vivant déjà, l'effigie de Nelson Mandela est promise aux futurs billets de la monnaie sud-africaine. Au Bénin, le Centre national hospitalier universitaire de Cotonou porte déjà le nom du tout premier président du pays, Hubert Koutoukou Maga. L'aéroport international de Cotonou est baptisé du nom de l'illustre Bernardin Cardinal Gantin, premier cardinal noir de tous les temps. Et Albert Tévoédjrè n'a attendu personne pour laisser à la postérité l'Institut qui porte son nom et qui est logé au Centre panafricain de prospective sociale à Porto-Novo.
Si d'autres anciens présidents et personnalités publiques restent à honorer pareillement, le cas Mathieu Kérékou mérite déjà réflexion. En plus d'être ancien président, il est celui qui aura dirigé le plus longtemps possible le pays. De 1972 à 1991 puis de 1996 à 2006, il aura marqué 28 sur 52 années d'existence aujourd'hui, de l'Etat béninois. Seulement, si l'on n'y prend pas garde, son nom risque de ne presque rien signifier pour la postérité. De l'œuvre à laquelle s'attachera son nom dépendra en effet ce qu'il représentera aux yeux des Béninois de demain.

Profil controversé


Mathieu Kérékou porte le surnom de caméléon et ce n'est pas usurpé : l'homme a cultivé l'opportunisme comme un prêtre les attributs de la foi. Son parcours politique en témoignage. Il porte aussi grade de Général, mais n'a pas livré bataille, ni gagné la moindre guerre. Même à propos du coup d'Etat militaire du 26 octobre 1972 à l'issue duquel il a pris le pouvoir et auquel son nom est souvent associé, certains de ses compagnons d'armes lui dénient d'y avoir joué un quelconque premier rôle. Et l'on n'a pas connaissance de sa réputation d'instructeur avéré. Autrement, même sur un camp militaire ou sur un centre de formation d'officiers, son nom sonnerait pour certains comme trop bruyant alors que d'autres le trouveraient réducteur pour le temps qu'il aura passé au pouvoir.
Il reste alors à explorer les édifices publics et les institutions nationales. Le pays foisonnant désormais d'universités, de centres universitaires et d'instituts supérieurs spécialisés, ce n'est pas ça qui manquerait pour porter le nom de Mathieu Kérékou. Seul handicap, le Général n'a pas de réputation de brillant intellectuel ou d'universitaire. Il y a donc le risque de froisser les producteurs de savoir en s'y aventurant. Sauf à l'aligner aux côtés des Béhanzin, Mêdji, Toffa 1er et Bio-Guera qui ont prêté leurs noms aux plus grands lycées et collèges publics du pays, on n'aura qu'à chercher du côté des infrastructures nationales les plus prestigieux d'aujourd'hui ou de demain.
Dans le domaine sportif, il n'y a de grand stade au Bénin que celui de Kouhounou dit de l'amitié sino-béninoise et qui attend toujours d'être rebaptisé au nom de quelqu'un. A côté de cet édifice, se trouvent le Palais des Congrès de Cotonou, l'autoroute Cotonou-Sèmè, l'échangeur de Godomey et la route Godomey-Calavi en prolongement vers Akassato, mais surtout la pénétrante qui assure la traversée de Natitingou, principale ville de la région d'origine de Mathieu Kérékou. Pour demain, les futurs aéroports internationaux de Tourou, de Glo-Djigbé ou de Natitingou laissent une bonne palette de choix. A condition que le vieux Général, désormais avancé en âge avec une santé fragile, ne nous lâche avant la fin de leur

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