Du sommet du G8 à Camp David au forum New-York Forum Africa
de Libreville, en passant par sa visite officielle à Paris où il a été reçu par
le président de la république française, Boni Yayi a fait forte impression.
Pendant ce temps, au Bénin, le président en exercice de l’Union africaine
inquiète ses compatriotes : l’économie et la démocratie sont menacées.
Cabale contre les opérateurs économiques nationaux et
recours à la force dans ses rapports avec les privés. Ainsi se résument pour
les Béninois les actes posés depuis peu par le régime du Président Boni Yayi. Le
contraste est du coup total avec les shows diplomatiques que ne cesse de
multiplier le Chef de l’Etat béninois en sa qualité de Président de l’Union
africaine. Alors qu’il fait bonne impression sur la scène internationale, à
l’interne Boni Yayi inquiète ses compatriotes.
Des militaires qui débarquent sur un site d’entreposage
d’intrants agricoles, non de substances prohibées, et qui les embarquent, non
sur décision de justice ni par quelque mesure conservatoire, mais pour les
destiner vraisemblablement aux bassins cotonniers, c’est inédit comme acte
public. Et deux choses permettent de s’en offusquer : primo, le Chef de l’Etat
lui-même est en charge de la défense nationale et est forcément responsable de
ce que d’aucuns ont appelé braquage d’Etat ; secundo, le propriétaire des
intrants est une société appartenant à un certain Patrice Talon, que le Gouvernement
s’applique à bouter hors de la filière coton. C’est donc la cabale qui se
poursuit. Et alors que les Béninois n’ont pas fini de digérer cet épisode du
feuilleton « année blanche cotonnière », une télévision de la place
informe qu’un bateau transportant des intrants agricoles commandés par la même
société est arraisonnée en haute mer par l’armée avec pour injonction
d’accoster au port de Cotonou. Acte qui n’aurait de différence avec la
piraterie dans le golfe de Guinée que les treillis portés par ses auteurs.
Qu’il soit bien clair pour tous que ces actes imputables au
Gouvernement béninois posent plusieurs problèmes à l’économie et à l’Etat de
droit. Alors que plusieurs opérateurs économiques doivent faire face à de
curieux redressements fiscaux, les derniers actes du régime Yayi créent une
ambiance qui ne rassure guère les investisseurs privés. Ces derniers en effet,
s’ils sont sérieux, n’oseraient pas aller s’installer là où du jour au
lendemain l’armée peut les déloger ; encore moins utiliser un port où les
navires peuvent croiser des militaires pirates. Le problème pour l’Etat de
droit est que la loi a fait place à l’arbitraire et la Justice fait profil bas.
Le président Yayi ne semble pas mesurer la gravité d’une telle
atmosphère : car ceux qui ne voudront pas se laisser faire mais qui ne
peuvent plus compter sur la Justice ni sur la force publique, confisquée par le
pouvoir, n’auront d’alternative que de se donner les mêmes moyens de riposte
que ceux de l’armée. Et alors, bonjour l’instabilité !
Il y a quelques semaines pourtant, Boni Yayi
déclarait : « le G8 a demandé à être rassuré sur la stabilité du
continent. Ils sont prêts à nous aider mais c’est à nous de prendre nos
responsabilités ». C’était à Camp David à l’occasion du sommet du G8. Pour
tout mortel sensé, il est incompréhensible que le président de l’Union
africaine prône la prise des responsabilités au niveau continental pour
rassurer les partenaires au développement et qu’au même moment, à l’échelle de
son pays, l’heure soit à l’insécurité des investissements privés. En visite
officielle en France il y a quelques jours, avec force détermination, Yayi Boni
a plaidé pour l’extinction sur le continent africain des foyers de tension qui
à l’entendre, ne font pas bon ménage avec la prospérité. Mieux, la semaine écoulée
seulement, au New-York forum Africa à Libreville, le Chef des présidents
africains invitait les opérateurs économiques internationaux à « venir
investir massivement dans le continent de l’avenir », ventant les mérites
de la nouvelle génération de dirigeants au nombre desquels il se compte sans
doute.
Que fort de discours aussi flatteurs et prometteurs sur la
scène internationale, le président béninois pose les actes qu’on lui connait
dans son pays depuis quelques temps et qui sont porteurs de crises à moyen
terme, il devient forcément pour ses compatriotes, un personnage inquiétant.
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