samedi 27 septembre 2014


Come-back dans la polémique ... des élections couteuses 


Quand le 25 septembre 2012, il y a deux ans donc, je partageais sur ce blog "Tous prêts pour la prison" du Prof Joseph Djogbénou, c'était pour refuser que le cas "Lionel Agbo" devienne un précédent. Je m'étais surtout promis de ne publier autre chose que lorsqu’il se remontrerait aux Béninois et aurait retrouvé sa liberté d'aller et de revenir dans son pays. L’avocat, fraichement sorti de sa veste de porte-parole de la Présidence de la république, pour prendre des airs d’opposant s’était vu poursuivre pour « offense au Chef de l’Etat », et n’a pu échapper à la prison qu’en prenant la fuite. Cette posture de fugitif suite à sa condamnation n'étant pas plus fameuse que son incarcération manquée. Peut-être que la prison aurait été plus salutaire à la démocratie, car certainement, la résistance aurait continué, se serait endurcie et nous en aurions tiré des avantages comme dans le cas des suites des grèves provoquées par la répression de la marche de fin décembre 2013 : le droit à la manifestation par exemple avait été reconquise.

Quand un mois après ma dernière publication sur ce blog, j'ai décidé de retirer également ma plume des colonnes de la presse écrite, c'était pour me soustraire des risques de la manipulation et de l'instrumentalisation que portait l’actualité, alors empoisonnée, et d'attendre que l'atmosphère redevînt saine. Si l'actualité aujourd'hui n'est pas forcément saine, elle n'est sans doute plus empoisonnée, en tout cas pas au point de donner le mal de Talon. Alors, j'ai décidé de reprendre la plume lorsque celle-ci se fut reposée deux ans durant. Et concours de circonstance, mon come-back se fait en pleine polémique sur le coût jugé prohibitif des élections au Bénin. C’est pourquoi j’en ferai le sujet de ma reprise de l’expression du droit à la polémique. Précision importante, l’exclusivité de mes éditos sera pour mon blog. Le break avec les colonnes de la presse écrite étant prévu pour durer encore.

Contrairement à ce à quoi beaucoup peuvent s’attendre, je n’opinerai pas dans le sens le plus commun de ces derniers jours. Pour bien de personnalités que j’apprécie et dont les sorties sont bien lumineuses, la levée de bouclier ne s’est pas faite attendre quand la voix la plus autorisée du pays laissa entendre que nos élections coûtaient trop chères, pour sous-entendre qu’il faut rebrousser le chemin de l’alternance démocratique. Pour beaucoup, la tenue des prochaines élections est non négociable. Soit. Mais alors question : qu’aurait changé à l’état actuel du pays la non tenue de l’élection présidentielle de 2011 ? Absolument rien à mon avis. L’état du pays en absence d’élections nous est déjà connu depuis 2011 et ce n’est pas simplement l’organisation du vote qui apporterait un changement : quelqu’un a d’ailleurs dit « après nous, c’est nous ». Autrement, le combat d’aujourd’hui est moins celui de la tenue effective des élections que celui de justes et transparentes élections. Sur ce front, bien parmi ceux qui jouent les défenseurs de la démocratie béninoise en ce moment ont déjà été absents, se faisant ainsi, tout au moins, complices passifs des causes qui ont conduit à l’effet qu’ils s’efforcent aujourd’hui de conjurer.

Trois faits au moins trahissent ces sorties aux élans opportunistes : primo, ils tolèrent que les élections locales n’aient pas eu lieu et se montrent très en verve quand il s’agit d’un risque d’impasse sur la présidentielle de 2016 ; secundo, ils ont concédé le vol des élections de 2011 et s’étonnent des symptômes d’un remake trois ans plus tard ; tertio, en 2008 déjà, alors que nous en étions encore aux listes électorales manuelles, ils acceptèrent aussi les plus absurdes des élections jusqu’alors organisées à l’ère du renouveau démocratique : elles furent reprises partout et aussi longtemps que la mouvance au pouvoir n’avait pas gagné le vote. Ces trois échéances mises ensemble, montrent simplement que liste électorale informatisée ou pas, l’on est en face d’un pouvoir qui refuse et qui travaille contre des élections transparentes. Le combat à faire n’est donc pas celui vers lequel nous sommes chaque fois poussés, celui par lequel nous sommes distraits (Lépi et budget électoral), mais celui qui est dans l’intérêt de tous les Béninois. Pourquoi la présidentielle à venir mériterait-elle plus d’activisme que les élections locales que l’on refuse de convoquer depuis longtemps ? Pourquoi serions-nous obligés de rester dans la logique de la Lépi ou rien quand l’on sait que dans notre pays, aucune élection organisée sur la base des listes manuelles ne s’était aussi mal passée que celles qui furent sur la base de la fameuse Lépi ? Des élections justes et transparentes n’ont rien à voir avec la technologie, mais sont le fruit d’une culture démocratique faite de règles de jeu et partagée des acteurs politiques. Et c’est pour ces principes qu’il faut se battre et imposer pour que nos élections se passent à bonne date et bien.

Loin d’être complaisant avec la mise entre parenthèses d’élections prévues par la Constitution, j’ai même envie de dire que si les mortels qui nous dirigent étaient totalement conséquents, chaque budget annuel de l’Etat devrait prévoir la cagnotte pour l’organisation de la présidentielle, car comme le prévoit la loi fondamentale, le mortel président peut à tout moment casser la pipe, et il ne faudra pas plus que 40 jours pour élire son remplaçant. Ce raisonnement est peut-être surréaliste, mais ma profonde conviction est qu’en ce moment, se joue un jeu, auquel se font prendre les acteurs politiques neufs et anciens, pour une fois de nouveau se voir filer entre les doigts les échéances de 2015 et et 2016 ; car sont-ils avertis : « après nous, ce sera nous » !

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