CLASSE POLITIQUE BAS DE GAMME ...
Il y a bientôt quatre ans, les parlementaires béninois,
politiques de race pure, puisqu’exclusivement membres de partis ou alliances de
partis politiques, ont légiféré pour exclure des élections municipales,
communales et locales les candidats indépendants. En 2002-2003 puis en 2008
pourtant, des listes indépendantes pouvaient prendre part à ces élections. La
classe politique béninoise avait alors donné l’air de vouloir être maîtresse de
la gestion des affaires publiques, à partir des collectivités locales. Les
indépendants comme moi, durent en 2015, approcher et trouver place auprès de
partis ou alliances politiques pour faire à nos concitoyens leurs offres de développement local. Evidemment avec peu
de succès : presque seule et admirable exception, mon ami Lionel Chobli
élu conseiller communal d’Allada et Chef d’arrondissement d’Attogon, sur la
liste AND. Lui a su se fixer plus tôt, a eu le temps de s’organiser et son
terrain était plus fertile que le mien par exemple, Porto-Novo, maîtrisé par un
Parti du Renouveau Démocratique aux structures vieilles de 25 ans et aux dizaines de millions de francs de fonds de campagne, alors que je n’ai pu
savoir moi, jusqu’au jour des élections si j’avais été effectivement positionné
et à quel rang sur la liste à laquelle m’avait recommandé le parti Alternative
Citoyenne qui m’était alors plus fréquentable et dont les responsables m’ont
aussi porté ; cette liste, celle de l’Union fait la Nation, plus grande
alliance de l’Opposition du moment, se révéla alors capable de fonctionner à
peine aussi bien qu’une épicerie. Autrement, je n’ai pas fait campagne. Même l’ancien
Ministre Gaston Zossou qui devrait conduire la liste se fera remplacer par celui
qui devint notre seul conseiller municipal élu de la ville, Charlemagne YANKOTI.
Inimaginable que moins d’un an plus tard, l’alliance venue deuxième avec 14%
des voix aux élections législatives de 2015, ne soit pas en mesure de présenter
un candidat interne officiel à l’élection présidentielle de février prochain. Malheureusement,
l’UN n’est pas le seul nul de la classe.
Selon les résultats provisoires des législatives 2015
publiés par la Commission électorale nationale autonome (Cena), la plus grande alliance
de partis politiques de la mouvance présidentielle, FCBE, venait première formation
politique du pays avec 30% des suffrages exprimés ; 2ème, UN,
14,35% ; 3ème, PRD, 10% ; 4ème, AND, 7,64% ;
5ème, RB, 7% ; 6ème, Alliance Soleil, 6,7% ; 7ème,
FDU, 4%, ; 8ème, ABT, 3,70% ; 9ème, Eclaireur,
3,4% ; 10ème, UB, 2,9% ; 11ème, Reso Atao, 2,1%.
Les neuf autres listes eurent chacune moins de 2% des suffrages exprimés. A la
présidentielle de cette année, scrutin uninominal, il n’est pas étonnant d’avoir
près de 50 candidats si pour des législatives il y avait eu 20 listes. Ce qui est
plutôt l’aberration, c’est la démission collective de ce qu’il y a de plus
consistant dans la classe politique béninoise. Celle qui est capable d’exclure
les indépendants des élections locales, n’est pas en mesure de présenter des
candidats à la plus importante élection du pays.
Les FCBE, première force politique, n’ont trouvé personne à
l’interne à porter, leur candidat officiel, n’a jamais milité dans un mouvement
membre de l’alliance, il est importé et « imposé ». Il y a alors une
dizaine de candidats solitaires sortis des rangs parce que fâchés. Faute de
candidat chez le 2ème, celui qui aurait pu être son joker se lance
dans une aventure solitaire. Le PRD, 3ème mais en réalité premier
parti unitaire du pays, disposant à lui seul de 10 députés et dirigeant le
Parlement et près d’une dizaine de communes, potentiel qu’aucun autre parti
pris individuellement n’a, eh bien, le PRD n’a pas de candidat interne ;
il soutient le candidat importé du premier de la classe. Les 5ème, 9ème
et 10ème de la classe font autant. Le 4ème est en pièces
détachées, partagées entre deux candidats opérateurs économiques et le candidat
importé du premier de la classe. Le 6ème a au moins deux candidats
internes dont un Général de l’Armée à la retraite, et s’est cédé en partie à un
candidat opérateur économique. Le 7ème a fait comme le 2ème
et certains de ses éléments se sont offerts à un opérateur économique. Du 1er
au 11ème, seuls les 6ème, 8ème et 11ème,
soit les tout derniers de la classe, présentent des candidats officiellement.
Du très probable quinté gagnant de la prochaine
présidentielle, il y a l’actuel et le précédent Premiers Ministres béninois,
deux gros opérateurs économiques et le candidat du parti 8ème de la classe,
anciennement ministre de la république aussi. Suivront alors les autres nombreux
figurants et compléments d’effectifs (gbègônou, comme on dit dans ma langue
maternelle). Moralité de cette chronique, au sein des partis politiques
béninois, la culture du leadership n’existe pas, la relève n’est pas assurée,
les premiers de la classe boycottent l’examen le plus qualifiant, les derniers
s’y illustrent et ceux qui y brillent sont les candidats indépendants. C’est
une classe politique bas de gamme.
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