dimanche 17 janvier 2016


CLASSE POLITIQUE BAS DE GAMME ...

Il y a bientôt quatre ans, les parlementaires béninois, politiques de race pure, puisqu’exclusivement membres de partis ou alliances de partis politiques, ont légiféré pour exclure des élections municipales, communales et locales les candidats indépendants. En 2002-2003 puis en 2008 pourtant, des listes indépendantes pouvaient prendre part à ces élections. La classe politique béninoise avait alors donné l’air de vouloir être maîtresse de la gestion des affaires publiques, à partir des collectivités locales. Les indépendants comme moi, durent en 2015, approcher et trouver place auprès de partis ou alliances politiques pour faire à nos concitoyens leurs offres  de développement local. Evidemment avec peu de succès : presque seule et admirable exception, mon ami Lionel Chobli élu conseiller communal d’Allada et Chef d’arrondissement d’Attogon, sur la liste AND. Lui a su se fixer plus tôt, a eu le temps de s’organiser et son terrain était plus fertile que le mien par exemple, Porto-Novo, maîtrisé par un Parti du Renouveau Démocratique aux structures vieilles de 25 ans et aux dizaines de millions de francs de fonds de campagne, alors que je n’ai pu savoir moi, jusqu’au jour des élections si j’avais été effectivement positionné et à quel rang sur la liste à laquelle m’avait recommandé le parti Alternative Citoyenne qui m’était alors plus fréquentable et dont les responsables m’ont aussi porté ; cette liste, celle de l’Union fait la Nation, plus grande alliance de l’Opposition du moment, se révéla alors capable de fonctionner à peine aussi bien qu’une épicerie. Autrement, je n’ai pas fait campagne. Même l’ancien Ministre Gaston Zossou qui devrait conduire la liste se fera remplacer par celui qui devint notre seul conseiller municipal élu de la ville, Charlemagne YANKOTI. Inimaginable que moins d’un an plus tard, l’alliance venue deuxième avec 14% des voix aux élections législatives de 2015, ne soit pas en mesure de présenter un candidat interne officiel à l’élection présidentielle de février prochain. Malheureusement, l’UN n’est pas le seul nul de la classe.

Selon les résultats provisoires des législatives 2015 publiés par la Commission électorale nationale autonome (Cena), la plus grande alliance de partis politiques de la mouvance présidentielle, FCBE, venait première formation politique du pays avec 30% des suffrages exprimés ; 2ème, UN, 14,35% ; 3ème, PRD, 10% ; 4ème, AND, 7,64% ; 5ème, RB, 7% ; 6ème, Alliance Soleil, 6,7% ; 7ème, FDU, 4%, ; 8ème, ABT, 3,70% ; 9ème, Eclaireur, 3,4% ; 10ème, UB, 2,9% ; 11ème, Reso Atao, 2,1%. Les neuf autres listes eurent chacune moins de 2% des suffrages exprimés. A la présidentielle de cette année, scrutin uninominal, il n’est pas étonnant d’avoir près de 50 candidats si pour des législatives il y avait eu 20 listes. Ce qui est plutôt l’aberration, c’est la démission collective de ce qu’il y a de plus consistant dans la classe politique béninoise. Celle qui est capable d’exclure les indépendants des élections locales, n’est pas en mesure de présenter des candidats à la plus importante élection du pays.

Les FCBE, première force politique, n’ont trouvé personne à l’interne à porter, leur candidat officiel, n’a jamais milité dans un mouvement membre de l’alliance, il est importé et « imposé ». Il y a alors une dizaine de candidats solitaires sortis des rangs parce que fâchés. Faute de candidat chez le 2ème, celui qui aurait pu être son joker se lance dans une aventure solitaire. Le PRD, 3ème mais en réalité premier parti unitaire du pays, disposant à lui seul de 10 députés et dirigeant le Parlement et près d’une dizaine de communes, potentiel qu’aucun autre parti pris individuellement n’a, eh bien, le PRD n’a pas de candidat interne ; il soutient le candidat importé du premier de la classe. Les 5ème, 9ème et 10ème de la classe font autant. Le 4ème est en pièces détachées, partagées entre deux candidats opérateurs économiques et le candidat importé du premier de la classe. Le 6ème a au moins deux candidats internes dont un Général de l’Armée à la retraite, et s’est cédé en partie à un candidat opérateur économique. Le 7ème a fait comme le 2ème et certains de ses éléments se sont offerts à un opérateur économique. Du 1er au 11ème, seuls les 6ème, 8ème et 11ème, soit les tout derniers de la classe, présentent des candidats officiellement.

Du très probable quinté gagnant de la prochaine présidentielle, il y a l’actuel et le précédent Premiers Ministres béninois, deux gros opérateurs économiques et le candidat du parti 8ème de la classe, anciennement ministre de la république aussi. Suivront alors les autres nombreux figurants et compléments d’effectifs (gbègônou, comme on dit dans ma langue maternelle). Moralité de cette chronique, au sein des partis politiques béninois, la culture du leadership n’existe pas, la relève n’est pas assurée, les premiers de la classe boycottent l’examen le plus qualifiant, les derniers s’y illustrent et ceux qui y brillent sont les candidats indépendants. C’est une classe politique bas de gamme.

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